Don Bosco

Jean Bosco naît le 16 août 1815, au lendemain des guerres napoléoniennes, dans le hameau des Becchi, à proximité de Turin. Son père, agriculteur, s’appelle François et sa mère Marguerite. 11_DonBoscoJean est le troisième enfant de la famille.
Alors qu’il va avoir vingt et un mois, son père meurt terrassé par une pneumonie.
On est pauvre au foyer des Bosco. Marguerite travaille dur; avec sa belle-mère infirme, elle a cinq bouches à nourrir.

Un homme est toujours marqué par son terroir, par les lieux où il a vécu. Plus encore lorsqu’il a passé sa jeunesse dans une ferme où il a travaillé et s’est nourri du fruit de la terre. Ainsi en va-t-il pour Don Bosco, né sur une colline du Piémont, dans une famille de paysans pauvres.

Devenu prêtre pour les jeunes, au coeur de la ville de Turin, il connaîtra un destin exceptionnel que ses origines ne laissaient pas présager. La vie de Jean Bosco s’inscrit dans l’élan de l’arbre qui plonge ses racines dans le sol et tend sa ramure vers le ciel. Si celui de Turin était plombé des sombres nuées d’une ère industrielle naissante, Don Bosco s’efforcera d’ouvrir à ses jeunes des horizons plus radieux, de leur donner de vraies raisons d’espérer.

À neuf ans, Jean fait un rêve dont il parlera toute sa vie.
II y découvre les signes de sa vocation sacerdotale.

À quatorze ans, il reçoit du prêtre de son hameau ses premières leçons de latin ainsi qu’une initiation à la vie spirituelle.
À vingt ans, il devient interne au séminaire de Chieri.

Jean Bosco est un meneur. On l’écoute volontiers; il a de l’ascendant, et lorsqu’il lance un projet, son enthousiasme est contagieux. Quand, lycéen à Chieri, il décide de fonder un groupe d’amis, il n’a pas de mal à en regrouper un bon nombre. Pourtant, le projet est exigeant, et on ne peut pas s’engager à moitié. De tout temps, les jeunes aiment se retrouver, dans des lieux bien à eux, pour échanger entre eux, à distance des adultes. Souvent, ils ne savent pas comment s’occuper et cela peut les amener à se décider tout à coup pour un défi gratuit, dont les conséquences ne sont pas mesurées.
Jean Bosco, lui, est un homme de projet. Il n’est pas question de se réunir pour ne rien faire, pour ne rien construire, pour ne pas être utile à quelque chose ou à quelqu’un. Il est ce qu’on appelle un « leader » positif. Les qualités qu’il porte en lui, il les a reçues de quelques adultes qui ont compté pour lui : sa mère, Don Calosso, et tel ou tel professeur. Il y a aussi un rêve qui le guide et auquel il tient. Alors, pas question de perdre son temps, ni de voir son groupe s’effriter. Et quand la cause est juste, il ose affronter celui qui vient contrecarrer son projet. Il nous arrive de nous plaindre de ce que nombre de jeunes vivent sans projet construit. Ils semblent subir leur scolarité, et mobiliser leur énergie dans des occupations qui nous paraissent stériles. Mais n’est-ce pas le monde que nous leur proposons qui les pousse à ce manque d’initiative ? Savons-nous leur donner des responsabilités et leur faire confiance ? Ils sont les adultes de demain, mais ils ont besoin aujourd’hui d’expérimenter leur capacité à s’organiser, à vivre ensemble. Il nous revient alors de les encourager à être vraiment acteurs de leur vie.
Il est ordonné prêtre le 5 juin 1841 à Turin.
L’activité du prêtre Don Bosco est multiple : il visite les prisonniers, gère un foyer pour les jeunes de la rue, construit des églises, compose et publie des ouvrages catéchétiques, historiques et spirituels pour les jeunes et les adultes de milieux populaires.

En 1859, il fonde, avec les jeunes qui vivent chez lui, une congrégation religieuse, les Salésiens.
En 1872, il crée avec Marie-Dominique Mazzarello les Soeurs Salésiennes.
En 1876, il suscite une association de laïcs, les Salésiens Coopérateurs.
Dès 1875, les Salésiens passent les frontières de l’Italie.
Ils vont en France méridionale et en Amérique du Sud.

Quand Don Bosco meurt à Turin le 31 janvier 1888, sa famille religieuse est déjà florissante.
Il sera proclamé saint par Pie XI en 1934.

Jean-Paul II le nommera « Père et Maître de la jeunesse » en janvier 1988.

Une pédagogie pour notre temps

Jean Bosco fut un remarquable éducateur. Un siècle après sa mort, plusieurs milliers d’hommes et de femmes, dans le monde entier, continuent de s’inspirer de sa vie et de son action dans leur tâche éducative auprès des jeunes.
Don Bosco, on le sait moins, fut aussi un authentique pédagogue. Il n’a pas laissé de théorie longuement élaborée dans des textes savants, mais il n’a pas, non plus, mené son action éducative d’une façon aveugle. Il a laissé à ses disciples des orientations si précises qu’elles ont formé un système pédagogique cohérent, le système préventif, dont notre époque découvre la grande pertinence.

Une pédagogie débutée en période de crise

Lorsqu’à l’automne 1841, le jeune Jean Bosco, tout juste âgé de vingt-six ans, entra dans la capitale du Piémont, ce fut pour lui un véritable choc. Il avait été élevé dans un minuscule hameau, « les Becchi », et avait effectué ses études dans une bourgade : Chieri. Et voici qu’il découvre la misère des faubourgs de Turin. Le spectacle des jeunes désœuvrés l’horrifie. Il le décrivait en ces termes : « En approchant des ateliers et des fabriques, je n’entendis que des refrains grossiers, des propos cyniques, des jurons, des malédictions ; beaucoup de voix enfantines se joignaient hélas à celles des adultes. À chaque pas, je rencontrais des jeunes garçons déguenillés, que leurs parents par négligence, lâcheté, dépravation ou désespoir abandonnaient à la corruption de la rue ».
Jean Bosco assistait en son siècle à l’émergence de la société industrielle. Un telle situation offre bien des points de similitude avec celle que nous vivons aujourd’hui. L’avènement du monde post-industriel vient bousculer toutes les idéologies et structures anciennes

Une approche pragmatique de l’art éducatif

Pour Jean Bosco l’éducation n’est pas objet de théorie, mais avant tout une pratique. En ce sens elle relève davantage de l’art que de la science.
L’approche salésienne de cet art éducatif est très pragmatique. Et là encore, elle semble très adaptée aux nécessités d’aujourd’hui, car seule une approche pragmatique permet de rendre compte de la complexité, sans tomber dans les pièges de la réduction unidimensionnelle;
Mais si l’expérience et la réflexion de Jean Bosco ne constitue pas une théorie pédagogique au sens stricte du terme, il existe entre elles une unité qui a été vécue.

Une approche préventive du risque éducatif

Jean Bosco fut un des premiers à introduire le concept de prévention dans le champ éducatif en opposition avec la répression plus répandue de son temps. Il s’agit d’aller au devant des risques dans une attitude à la fois prévenante et confiante.
Une telle méthode préventive exige une grande qualité de présence de l’éducateur auprès des jeunes. Celui-ci doit être disponible dans la durée.
Dans le monde d’aujourd’hui où les manifestations de déviance juvénile (délinquance, toxicomanie, conduites suicidaires) s’accroissent dangereusement chez tous les jeunes qui douloureusement marqués par l’échec, ne perçoivent guère la place qu’ils peuvent prendre dans la société de demain, la prévention devient une urgence qui s’impose à tous : Jean Bosco s’avérait être pionnier dans ce domaine
Une approche systémique des relations éducatives

L’originalité de la pensée pédagogique de Jean Bosco réside dans son aspect systémique. Il choisit d’emblée ce vocable pour caractériser sa méthode.
Nous entendons ici par système un ensemble d’éléments interdépendants, liés entre eux par des relations telles que si l’une est modifiée, les autres le sont aussi, et par conséquent l’ensemble est transformé.
La trilogie constitutive de ce système est la triade : « raison-religion-affection », chaque terme devant être éclairé par les rapports qu’il entretient avec les deux autres. La caractéristique fondamentale de la pédagogie salésienne réside dans l’équilibre ordonné autour de ces trois pôles, qui préside au mode de relation mis en place, qu’il s’agisse des relations établies entre éducateurs et jeunes, entre jeunes eux-mêmes et au sein de l’équipe éducative

La Raison

Loin d’être considéré « comme objet d’éducation », qu’il s’agirait en quelque sorte de « dresser », le jeune est considéré par Don Bosco comme un sujet capable de prendre part d’une façon réfléchie à sa propre éducation; En ce sens, la pédagogie salésienne est une pédagogie « active ». Lors des « mots du soir », ces brèves exhortations qu’il fait à ses adolescents du Valdocco avant d’aller au dortoir, Don Bosco sollicite l’adhésion du jeune : « Je n’ai pas d’autres objectifs que de vouloir votre bien moral, intellectuel et physique. Sans votre aide, je ne puis rien faire. J’ai besoin que nous nous mettions d’accord et qu’entre vous et moi s’établissent une véritable amitié et une vraie confiance».
L’art premier de l’éducateur devient alors celui de la négociation…
À ce sujet on ne soulignera jamais assez l’importance de l’humour dans la relation éducative. Par la prise de distance qu’il permet, il facilite parfois considérablement les négociations avec le jeune.
Considérer ce dernier comme un être doué de raison, c’est être intimement convaincu que, même si son comportement paraît de prime abord stupide et inadapté, il a ses raisons de l’adopter. Nous ne disons pas qu’il a raison, nous disons qu’il possède ses raisons, même si parfois il ne sait pas encore les expliciter lui-même : le comportement choisi constitue la solution qu’il a trouvée au problème qui se posait à lui dans l’instant. Tant que l’éducateur n’a pas appréhendé ces « raisons », c’est sa propre réponse qui risque fort d’être totalement inadaptée, voire stupide. Apprendre à dialoguer… Telle est la première mission de celui qui veut jouer un rôle éducatif.

La Religion
Toute l’attitude pédagogique de Don Bosco s’enracine d’abord et avant tout dans sa foi. Dans la méditation quotidienne de l’Évangile, il découvre très tôt, dès l’âge de neuf ans, un Dieu qui se passionne pour l’homme, qui l’aime au point d’en partager les failles et les limites, qui respecte ses lenteurs, qui l’adopte comme un fils, qui le libère de toute forme d’aliénation. Saisi par ce visage de Dieu, Jean Bosco est épris du désir de marcher à sa suite. Ce désir et rien d’autre, commande son œuvre éducative. La religion chrétienne constitue donc le cœur de son système.
Cependant en aucun cas la pratique de la religion ne doit conduire à une adhésion aveugle à des vérités plus ou moins obscures. C’est pourquoi Don Bosco donne une place considérable à la raison dans l’approche de la foi, entre autres par un solide enseignement religieux. Bien plus cette foi ne se contente pas d’une compréhension théorique, mais elle se célèbre à travers deux rites essentiels : le sacrement de pénitence et l’eucharistie. Ce qui invite logiquement le jeune à se conduire dans la vie quotidienne selon une éthique conforme à celle de l’Évangile. Éthique de l’amour ! Éthique de l’imitation de Jésus-Christ.

L’affection

Don Bosco a réhabilité l’affectivité dans l’éducation. Plus précisément il parlait d’« amorevolezza » : « Sans affection, pas de confiance ; sans confiance, pas d’éducation »
Non seulement l’éducateur doit manifester au jeune une affection comme celle d’un père ou d’un frère ou encore d’un ami, mais il cherche à susciter une réponse d’amitié.
C’est là une des plus grandes originalité de la pédagogie de Don Bosco. Plus qu’une technique éducative, c’est le mouvement même de la pédagogie salésienne. dans une lettre de 1884, Don Bosco insistait : « Que non seulement les jeunes soient aimés, mais qu’ils se sachent aimés ». L’amour n’existe pas sans traces insignes. Il est la condition même de la confiance, car les enfants et les adolescents qui ne reçoivent aucun signe tangible d’affection se croient mal-aimés.
On le devine, cela nécessite une grande maîtrise de l’affectivité. C’est pourquoi Don Bosco insiste tant sur ce que la tradition éthique appelle la vertu de chasteté, c’est-à-dire, la vertu qui permet de vivre les relations affectives d’un façon libérante.
Pour Don Bosco, le caractère inconditionnel d’une telle affection doit également apparaître dans l’application de sanctions éventuelles, qui ne doivent jamais posséder un caractère humiliant, mais une portée réparatrice. Il est important qu’au moment de leur application la personne du jeune ne cesse d’être respectée.
Il ne faut pas confondre affection et manque de fermeté. Aimer l’enfant ne signifie pas céder à tous ses caprices. L’éducateur doit savoir s’opposer, dire non. Souvent enfermé dans une problématique du « tout, tout de suite », les jeunes ne peuvent s’en sortir s’ils ne rencontrent sur leur route que des éducateurs qui cèdent à leurs pressions. Au contraire, ils ont un grand besoin de pouvoir se confronter à des adultes qui ne les craignent pas, qui savent s’opposer, ne tolérant pas la transgression d’une loi raisonnable.

Une pédagogie mise en œuvre en équipe

Don Bosco était très attentif à la qualité relationnelle qui doit exister entre tous les membres de l’équipe éducative : directeur, éducateurs, enseignants, personnel de service. Travailler en équipe permet d’éviter les pièges de l’action isolée.
Cette équipe éducative doit être animée par une sorte d’« esprit de famille », ce qui rend la communauté éducative signifiante pour le jeune, spécialement quand celui-ci a été blessé par la vie.
Dans une telle optique, l’éducation doit être conçue comme une collaboration avec le jeune, qui reste l’acteur principal du processus éducatif. La pédagogie salésienne est une pédagogie active. En ce sens aussi elle reste très moderne.
Éduquer c’est aimer les jeunes tels qu’ils sont, et non pas tels que nous voudrions qu’ils soient. Tout éducateur doit continuellement apprendre à faire le deuil de son propre projet sur le jeune, s’il veut aider ce dernier à bâtir son propre avenir.

 

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