ADAL

Une ADAL, pourquoi ?  

Il nous est devenu familier que, pendant les mois d’été, une célébration dominicale ne puisse être célébrée par aucun de nos prêtres. Comme nous tous, ils ont besoin de pouvoir se dégager de leur lieu de travail et de vie…

Il y a sans doute une vingtaine d’années, quand, en été, ses prêtres se trouvaient  « ailleurs » en même temps, la paroisse de SFS commença à proposer des Assemblées Dominicales Animées par des Laïcs (ADAL), plutôt que d’inviter un célébrant extérieur (paroissien-sitting) ou plutôt que de fermer les portes de notre église en invitant sa communauté à émigrer provisoirement vers d’autres messes. Déjà à l’époque, bien des paroisses de la région en étaient à se partager un prêtre pour un nombre impressionnant d’implantations…

Au cours d’une ADAL, l’Eucharistie n’est pas célébrée, mais nous pouvons nous rassembler pour prier, écouter la Parole et communier.

Une ADAL, source de malaise et de promesse

Je me souviens que nous étions partagés : un certain nombre d’entre nous préféraient éviter de participer à une célébration sans prêtre. Certains, en arrivant à l’église faisaient même demi-tour ; d’autres prenaient conscience qu’il était grand temps de devenir acteurs plus que consommateurs de nos célébrations. L’Eglise manquant de vocations, les laïcs devaient –et devraient- prendre une part plus active dans la vie de la communauté paroissiale. Cette attitude participative serait notre avenir. Il était évident que nous étions déroutés. Nous étions amenés à apprendre à prier ensemble et nos animateurs invités à trouver leur juste place, alors qu’aucun de nos salésiens n’était présent.

 

 

 

Vers plus de maturité et de reconnaissance

Néanmoins, l’organisation d’ADAL témoigne de notre maturité, car le fonctionnement de la communauté est maintenu, malgré l’absence momentanée de ses acteurs principaux. Un peu comme un groupe capable de compenser temporairement l’absence de ses responsables. Cela demande à chacun de faire preuve de bienveillance, mais il me semble qu’au fil des ans, nous avons dédramatisé le phénomène et que notre communauté s’est habituée à participer, en confiance, aux animations proposées par quelques-uns d’entre nous. La peur du changement s’est pacifiée. Nous pouvons désormais entrer avec intérêt dans cette prière communautaire : nous savons qu’en dépit de quelque maladresse, elle sera pleine de fraîcheur et d’authenticité.

Ces ruptures dans les routines paroissiales nous permettent de réaliser la place que Rudy et Xavier, mais aussi les André et le père Jeanmart tiennent dans notre communauté : les rôles qu’ils remplissent, le nombre de tâches exécutées grâce à eux, l’atmosphère qu’ils parviennent à créer par leur personnalité et la qualité qui émane de ce qu’ils sont.

 

Une ADAL : un fonctionnement éphémère mais engageant

Nombre d’entre nous se sont déjà engagés pour assurer, en groupe, la préparation d’une ADAL. Actuellement, c’est au sein de l’équipe pastorale qu’un responsable se propose et il se charge de rassembler autour de lui quelques personnes désireuses de s’investir dans la réalisation d’une ADAL. Deux à trois réunions sont nécessaires pour que la petite équipe lise ensemble les textes, partage ce qu’elle en comprend et construise une célébration autour des thèmes qui émergent de ses échanges.

Les rencontres sont des temps forts, enthousiasmants, mais aussi difficiles. D’abord, parce que nous ne nous y connaissons pas nécessairement, ou seulement superficiellement. Ensuite, parce qu’élaborer quelque chose à plusieurs nous oblige à lâcher notre projet personnel et notre envie de résultats précis. Enfin, parce que nous sommes invités, déjà là, à être fraternels entre nous et à faire confiance à l’Esprit.

Finalement, ce qui est magnifique, chaque fois, c’est l’impression que chacun des membres du groupe porteur a donné un éclat particulier aux lectures, a permis de toucher une partie de la communauté, a mis sa propre branche au bouquet du jour.

 

L’ADAL assure continuité et inclusion  

Puisque l’enjeu est de permettre à l’assemblée de pouvoir se retrouver, d’entendre la Parole, de prier et de communier, sans ‘souffrir’ de l’absence des prêtres, les équipes d’ADAL rendent un véritable service de continuité dans la vie de notre assemblée. Une ADAL n’est donc pas l’occasion de mettre en avant des convictions personnelles–aussi géniales soient-elles !-, ni de ‘décoiffantes’ innovations, ni même de faire preuve de conservatisme, car nous risquerions d’inquiéter, de heurter, de diviser… L’objectif est plutôt d’être rassembleurs et stabilisateurs. En prenant le rôle d’animateurs d’un jour, les membres de l’équipe de préparation héritent de la responsabilité de ‘rejoindre’ la variété du public, avec ses personnes plus âgées, ses tout petits et ses ados et ils se mobilisent pour  que tous se sentent inclus dans la célébration. De telle sorte que la paix et la joie soient possibles entre tous.

 

Dire et prier la Parole, aujourd’hui

Nous ne nous réalisons pas toujours que nos prêtres, chaque dimanche, font l’effort de réécrire, en fonction des textes, les différentes prières qui rythment nos célébrations.

Lors d’une ADAL, c’est l’équipe qui s’efforce de traduire la Parole, avec ses mots, pour nous rassembler dans la prière. L’exercice est plus difficile qu’il n’y paraît. C’est alors que nous nous rendons compte que le travail d’explicitation et de reformulation ne concerne pas que l’homélie, loin de là : toute la célébration est émaillée des mots-clefs, déclinés de multiples façons pour en manifester le souffle. D’en être conscients rend notre prière plus attentive, plus participante et, sans doute, plus communautaire.  Au cours d’une ADAL, nos tentatives nous font redécouvrir combien l’expression de nos prêtres est adaptée à nos réalités quotidiennes, ajustées à tout ce que nous vivons : contextualisée, la Parole est accessible à ceux qui l’écoutent. Nous voyons mieux comment elle répond à nos préoccupations d’aujourd’hui. Pour qu’infiniment le Verbe se fasse chair.

 

Elisabeth López.

 

 

Un extrait de ce texte a été publié dans le Reflets de la rentrée 2015 – le 13 septembre 2015

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