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Les jeunes et l’alcool : risque mortel ou douce dépendance.
30 mars 2015 Par Raymond GUEIBE, psychiatre et alcoologue.
Immédiatement, le professeur Gueibe nous informe, nous rassure, peut-être : il n’est pas abstinent. Lui aussi, il consomme.
Mais aussitôt, il prévient : l’alcool est une drogue et une drogue dure.
Dans nos pays, elle est banalisée, parce que licite : elle est autorisée par la loi. Toutes les cultures ont leur drogue : au Maroc, c’est le haschich et l’alcool est interdit ; en Amérique du Sud, c’est la coca ; en Chine, c’est l’opium…
Une drogue, c’est une substance qui donne vite une dépendance qui peut être psychologique : l’envie de consommer parce que c’est agréable et, dans certains cas, une dépendance physique : le corps en a besoin.
Il prévient : ne touchez jamais à l’héroïne (on devient dépendant dès la première prise) et évitez la cocaïne (et l’ecstasy : on ne sait jamais ce qu’il y a dedans).
Mais d’après l’OMS, il n’y a pas de problème de dépendance avec le cannabis si on en prend de façon occasionnelle (= pas tous les jours).
L’alcool donne une dépendance psychologique si on boit tous les jours, qui, avec les années, mène à une dépendance physique : on a besoin de boire de l’alcool dès le réveil et toutes les 4 heures environ.
Mais 90 % des Belges qui consomment n’ont pas de problèmes.
Et le tabac ? S’il entraîne une dépendance psychologique intense, il ne modifie pas le comportement comme l’alcool : il n’y a pas d’accident de voiture causé par le tabac.
Quand, dans un laps de temps donné, 100 personnes meurent à cause de l’alcool, on a compté qu’il y a moins de 2 morts liées aux autres drogues (si on exclut le tabac).
L’alcool a un aspect social, il est un élément de la fête, il nous désinhibe, on se sent mieux et pour cela, il faut 4 à 6 bières.
Tous les guindailleurs ne deviennent pas alcooliques, mais attention, cela peut être le début : on prend des habitudes avec l’âge et , même sans avoir jamais été ivre, on devient alcoolique. 550 000 Belges devenus alcooliques, tremblent tous les matins. A cela, il n’y a qu’une solution : l’abstinence totale, ne plus boire une seule goutte, définitivement.
Comment consommer correctement ? – Savoir s’arrêter.
Un verre de Jupiler de 25cl ou un verre de vin de 13cl, c’est 10 à 12 gr d’alcool = 1 unité. 1 unité = 0,25 gr d’alcool par litre de sang
et il faut 1h30 à 2h pour éliminer cet alcool dans le sang.
2 bières = 2 unités et on ne peut plus prendre le volant.
8 bières = 2 gr d’alcool /litre sang. Troubles psychomoteurs (troubles de la marche, de la parole…) causes de nombreux traumatismes, accidents, chutes…
Avec 3 gr, d’habitude, on s’endort (risque : il faut réveiller la personne tous les 1/4h pour éviter le risque d’étouffement), mais certains deviennent violents, font des tentatives de suicide, des viols…actes dont ils ne se souviennent pas au réveil.
4 gr, c’est le coma éthylique. Appeler l’ambulance.
4,7 gr : risque d’arrêt des centres respiratoires et c’est la mort.
Alors, pour les jeunes, dans les soirées : une suggestion d’abord : nommer un capitaine de soirée qui restera sobre et pourra aider les autres, les empêcher de boire trop. La 1re heure : on peut consommer 2 unités et 1 unité par heure suivante en entrecoupant par des boissons non alcoolisées.
Et pour les plus âgés, la règle d’or : ne pas consommer tous les jours, être abstinent 2 jours par semaine (sinon dépendance psychologique)
Et pas plus de 3 unités/jour pour un homme. Pas plus de 2 unités/jour pour une femme. Et alors, ajoute-t-il, on peut continuer à boire.
Avec beaucoup de gentillesse et d’humour, le docteur Gueibe a donné d’autres informations, des conseils, des exemples vécus, en insistant sur les dangers de cette drogue que la loi autorise dans nos pays et qui est défendue ou plutôt, soutenue par un lobby puissant.
Lui, il invite chacun à être maître de sa consommation.
Il développe tout cela dans son livre, un texte très facile à lire.
Ce fut une soirée très intéressante, suivie avec attention par les jeunes et les moins jeunes : tous concernés.
Raymond GUEIBE, L’alcoolisme au quotidien. De la consommation agréable à la dépendance. Editions Seli Arslan .
C.F.