25-26 février 2017 — 8e dimanche ordinaire A
Mt 6.24-34 : Regardez les lys des champs.
Quelques gentianes se hissent sur leur tige et les sapins s’étirent dans la douce chaleur. Allongé sur l’herbe fraîche, près d’un pied de chardons argentés, je fais silence et je me nourris de cet instant. Un bourdonnement va se perdre dans l’azur, puis c’est le chant lancinant d’un criquet, le frôlement d’une aile de papillon. Les lys des champs m’offrent peu à peu leur précieuse sagesse, loin de l’agitation et du bruit des hommes, leur pureté, leur éphémère et fragile perfection témoignent de l’étonnante patience, de la sensibilité et de l’amour du jardinier qui les a créés. Les hommes devraient prendre un moment chaque jour pour contempler une fleur, lui apporter leurs soins ; ils perdraient leur agressivité et découvriraient la sagesse de Dieu dans la douceur d’un rayon de soleil.
Ce jardinier m’étonne. Il me fait savoir qu’à ses yeux j’ai plus de prix que cette majestueuse fleur. Je suis pourtant si loin d’être parfait comme l’est cette fleur extraordinaire… J’ai du mal à croire…
D’un côté, une simple et la fine courbure de trois pétales blancs. De l’autre : 206 os, 640 muscles. 50 milliards de neurones pour composer le cerveau, 60000 km de vaisseaux capillaires, 100000 km de vaisseaux sanguins. 150000 km de longueur totale de nerfs, une vitesse de 300 km/h de transmission de l’influx nerveux, un corps qui se régénère en permanence et crée 250 milliards de globules rouges chaque jour… A regarder de plus près, notre corps est d’une complexité totalement déroutante et le miracle de la vie est plus prodigieux que celui, par exemple, de la traversée de la mer Rouge.
Plus extraordinaire encore, dans un léger souffle qui vient caresser les hautes herbes, je sens ce jardinier dire à chaque homme sur la terre : «Je t’aime, ne sois pas inquiet, tu es ma perle de grand prix, fais-moi confiance. »
Comment ne pas aimer ce jardinier et tout lui donner en retour?
Alain Deheuvels