Carême 4 A 2017 -Jean 9, 1-41
Il ne demandait rien l’aveugle. Il comprenait le monde comme il pouvait et s’interrogeait sur sa condition : mis à l’écart parce que « pécheur » « Qu’ai-je fait à Dieu pour être né ainsi ? » Il s’interrogeait aussi sur la grandeur des arbres, sur la couleur du jour, la beauté des fleurs parfumant les jardins, sur le visage des autres … N’avait que ses mains, ses oreilles et son coeur pour appréhender le monde. Que ça !Mais tout ça !
Et voilà que des mains se posent sur la cicatrice de ses yeux et y déposent une étrange mixture, humide et chaude, rugueuse et boueuse. Une onction si douce sur sa blessure si profonde. Puis, l’invitation à laver de ses propres mains ses yeux clos, source de tant de souffrances. Il y va et en revient voyant.
C’est alors que commence autour de lui, un étrange ballet : voisins, juifs, pharisiens, parents, chacun y va sans clairvoyance à dénoncer, à se taire, à juger, jusqu’à l’exclure à bout d’arguments, bref, à tout faire sauf à se réjouir de ce bonheur tout neuf.
Alors, face à cette condamnation, Jésus lui-même va retrouver l’ex aveugle. « Crois-tu en moi? Moi je crois en toi et t’ai ouvert les yeux et le cœur afin que tu ne te sentes plus maudit et privé de l’Amour et de la Lumière.? » Quand le bonheur d’être aimé fait ainsi irruption, il faut le prendre au sérieux.
Car « il est aussi vif, aussi charnu, aussi épais de vie que de voir, entendre, marcher, revivre ! » (Maurice Bellet)
Aveugles nous sommes nés; malvoyants, souvent nous cheminons. Il est bon de nous laisser laver le regard et éclairer le coeur sinon nos malvoyances deviennent vite des malveillances: nos cœurs se troublent et nos regards s’obscurcissent.
André Stuer.