Faut-il remettre Jésus au tombeau ?

Pâques 2017

Le jour de Pâques, Marie-Madeleine court tout essoufflée chez Simon-Pierre : « On a enlevé le Seigneur du tombeau et nous ne savons pas où on l’a mis…»

C’est le premier jour de la semaine, alors qu’il faisait encore sombre. Premier jour de la création. Ce jour où il suffit à Dieu de prendre la parole : Lumière. Pour que le jour se sépare des ténèbres.

Mais, à l’heure qu’il est, ni Marie-Madeleine, ni Pierre, ni Jean n’y voient clair. Ils commencent seulement à en perdre le savoir : « Nous ne savons pas où on l’a mis…».

Mais qui est donc ce «on» qui se mêle toujours de ce qui ne le regarde pas? Qui est ce «on», toujours grand fautif de ce qui arrive ?

L’habitude veut que les morts restent au tombeau. L’ordre des choses veut que les tombeaux gardent les morts comme le coffre-fort doit garder l’argent. Comme les conserves doivent garder les petits pois, comme les photos doivent garder l’image et comme la mémoire doit garder les souvenirs.

Il n’y a plus qu’un grand vide et pour Marie-Madeleine c’est la panique, la peur du vide. Marie-Madeleine est prise du besoin de remplir le vide, de la nécessité de combler à tout prix ce vide. Ce vide est insupportable. Pour conserver Jésus à elle, Marie-Madeleine est prête à le reconduire au tombeau.

Combien de nos prières ne font ainsi que reconduire Jésus au tombeau, ne lui demandant rien d’autre que de nous laisser faire nous-mêmes les demandes et les réponses ?

Combien d’actes de foi préfèrent un «Jésus-formule», un «Jésus-définition», pourvu qu’il soit là, à un Jésus vivant mais qui est toujours ailleurs ?

Combien de nos Jésus ont la rigidité des morts parce que nous les gardons comme des reliques du temps de nos enfances ?

Et lorsque nous crions «au voleur» au sujet de l’église qui change la religion, au sujet du temps qui va trop vite, à cause des événements qui refusent de nous attendre, est-ce que nous faisons autre chose que Marie-Madeleine qui réclamait qu’on remette Jésus au tombeau pour que tout rentre dans l’ordre ?

La terre pourtant ne garde pas la semence, elle la produit. Le ventre ne garde pas l’enfant, il le fait naître. Le tombeau fait naitre Jésus, Jésus enlevé, c’est de nouveau Jésus possible.

Jésus parti, c’est déjà un autre rendez-vous avec Jésus ailleurs.

L’absence de Jésus devient ainsi la condition même de sa présence

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