Ordinaire 24 A — 16-17 septembre 2017 — Matthieu 18, 21-35
Deux paraboles, deux scènes semblables. Il s’agit dans les deux cas d’un débiteur devant son créancier. Mais d’un côté dix mille talents sont en jeu contre seulement cent pièces d’argent de l’autre.
Surtout l’attitude est radicalement différente. D’un côté, saisi de pitié, il remet à l’homme la dette de dix mille talents. De l’autre, impitoyable, il refuse de remettre la modeste somme de cent pièces d’argent.
Bien sûr, le comportement du débiteur impitoyable est en contradiction flagrante : débiteur, il supplie ; créancier, il fait jeter en prison. Mais la question n’est pas là. La parabole ne se contente pas de réclamer la même justice pour tous. Elle remet beaucoup plus en cause. Remis de sa dette colossale, le débiteur aurait dû en être changé, transformé, au moins interrogé, mis en question, ému. Il n’en a rien été. II est resté tel quel. Son coeur de pierre n’est pas devenu un coeur de chair. La pitié du roi aurait dû changer quelque chose, transformer les relations. bousculer les manières de faire, inaugurer de nouveaux rapports…
Mais rien n’a changé, pas même le coeur du débiteur.
Le pardon du « Père du ciel» n’est pas un simple coup d’éponge sur le passé, ce n’est pas une mise à jour, une mise en règle, c’est une nouvelle logique. Ce n’est plus une logique d’intérêt, de rapport de force, une logique de jungle, de banquier ou de gangster : c’est une logique du cœur.
La miséricorde, c’est un vieux mot dont la religion a arrondi les angles. La miséricorde n’est plus qu’une aumône. Ce mot n’a plus de détonateur, il Siest fait récupérer. Pour Jésus, la miséricorde, c’est le coeur qui voit. Cest une lucidité. C’est un projet.
Faire miséricorde à quelqu’un, c’est le regarder d’un regard neuf. C’est le libérer pour un nouveau départ. Faire miséricorde, c’est faire naitre neuf.
F.Debruynne