27e dimanche ordinaire -A- Homélie

Homélie 27e dimanche ordinaire -A-          XE     Mathieu 21, 33-43

 

« C’est quoi ton projet ? »

Et bien Jésus, en racontant cette parabole, nous précise le projet de Dieu …

L’image de la vigne … Une histoire d’amour ! Cf. « Je veux chanter pour mon ami le chant du bien-aimé à sa vigne » dans la 1ère lecture … Le propriétaire de la vigne, le big boss, le patron, possède quelque chose de merveilleux, de tellement merveilleux et précieux qu’il met tout en oeuvre pour que son bien soit protégé au mieux en l’entourant d’une clôture, en y creusant un pressoir et en y bâtissant une tour de garde. Il crée le meilleur environnement possible, s’assurent que toutes les conditions sont là pour pouvoir s’en aller … « Je pars en voyage » …

« Je m’en vais », dit Dieu. Mais je vous ai donné un cœur capable d’aimer et d’être aimé. Avant de se retirer, Dieu confie sa vigne aux vignerons …

Dieu nous fait tellement confiance qu’il nous confie sa vie … Dieu nous confie son amour … Dieu nous rend responsables de son projet ! Dieu nous dit : « mon projet, c’est TON projet, c’est VOTRE projet, c’est le projet de TOUS ! »

Et voilà qu’au lieu de nous en réjouir, nous cherchons à nous approprier le projet à notre compte, on le ramène à notre propre intérêt, en se disant qu’on gagnera davantage ! Nous pervertissons le projet initial… le pressoir, au lieu d’accueillir les fruits de chacun dans l’action de grâce, nous l’utilisons pour écraser les autres ! … Les clôtures prévues pour nous protéger du mal deviennent des barrières qui nous éloignent de nos frères ; et les tours de garde servent à exclurent ceux qui ne pensent pas comme nous, qui ne prient pas comme nous, qui ne vivent pas comme nous, qui n’ont pas les mêmes priorités que nous ! Tout l’inverse de l’esprit d’Ephata … ouverture à tous … Tout l’inverse de l’esprit d’une communauté paroissiale invitée à s’ouvrir au monde…

Nous transformons le Royaume du « Don de soi » en Empire du « moi d’abord »

Les vignerons ne pensent qu’à eux … incapables de reconnaitre les dons de Dieu, les caresses de sa tendresse, les cadeaux de son Amour.

On a l’impression que la vie dépend de nos mérites, de nos efforts, de notre capacité à écraser les autres.

De quel peuple voulons-nous être citoyen ??? : de l’Empire du « moi d’abord » ou bien du Royaume du « Don De soi » ???

Après un camp-chantier où nous avons rendu service pendant 15 jours, on a l’impression d’avoir choisi notre camp… mais c’est chaque jour que nous avons à rechoisir …

Nous pouvons toujours choisir l’utilisation que nous faisons du couteau : ou bien pour tuer, ou bien pour partager. Nous pouvons toujours choisir le sens où on dépose son verre : ou bien pour renfermer, ou bien pour rester ouvert et accueillir tout ce qui est donné.

Choisir entre l’attitude des vignerons … que j’appellerais « l’attitude GRRRR »… (peur de Dieu, peur des autres) ou l’ attitude inverse … la GR’ATTITUDE … envers Dieu et envers les autres !

Que choisissons-nous ???

  1. « L’attitude GRRR »… l’ingratitude, l’attitude des vignerons ! Ne pas se satisfaire de ce que Dieu nous donne, ne pas se satisfaire de ce que nous sommes et de ce que nous avons … L’ingratitude, c’est le mépris de cette vie ordinaire, du pain au chocolat du dimanche matin, du rayon de soleil ou de la rosée du matin, de l’eau du robinet…

 

  1. « La GRRRatitude », c’est « être ouvert » (« ephata ») au cadeau qu’est notre vie aujourd’hui. Nous pourrions repérer, dans chacune de nos journées, trois paroles, gestes, rencontres, situations, moments, interactions, goûts, sensations, qui nous ont fait du bien et pour lesquels on a envie de dire : « Merci ! » La gratitude est comme un muscle : il faut l’entrainer ! Il n’y a pas de petites occasions de remercier et cela resserre les liens entre les personnes d’une même famille, d’un même groupe, d’une même paroisse etc …

Cela me rappelle Maman Marguerite avec ses enfants, face au ciel étoilé qui couvrait le petit hameau des Becchis… « Regarde : c’est Dieu qui a créé le monde et qui a mis toutes ces étoiles là-haut. Ne cessons jamais de le remercier ! » Cela a forgé la spiritualité du petit Giovanino Bosco que nous irons rencontrer en vélo l’été prochain : apprendre à s’émerveiller et à remercier le Seigneur pour tous ses dons…

Inventons des rites en famille : pourquoi ne pas nous réunir tous les soir et énumérer trois choses pour lesquelles nous voulons dire « merci »…  Vous imaginez au bout d’une semaine …

Souvent, on croit que pour dire merci, il faut d’abord nager dans le bonheur ! Or, c’est tout l’inverse : c’est notre capacité de dire merci, de vivre la gratitude qui fait progresser notre niveau de bonheur.

Nous le savons, le mot grec que l’on traduit pas « merci », c’est « Eucharistia »… C’est cela que nous vivons chaque dimanche, mais c’est aussi cela que nous sommes invités à vivre tous les jours ! « Quelle sera notre Eucharistie, chaque jour ? » La véritable gratitude nait de l’étonnement, de l’émerveillement, de la reconnaissance d’être aimé et comblé par Dieu. Dire merci, faire du stock avec la vie qui nous est offerte, avec les relations qui nous sont données, même si parfois ce sont des pierres rejetées, cela ouvre nos cœurs pour la vie en abondance, la vie en plénitude, la vie éternelle. La gratitude, c’est aussi le moment où on comprend que le pire moment peut devenir le meilleur … Jésus est l’exemple même de la gratitude : il sait qu’il va mourir, mais avant, il partage le pain et dit « merci » à Dieu son Père… Ce sera avec la même gratitude que nous referons ces gestes et redirons ces paroles dans un instant …

Oui, c’est là l’œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux !!!

Puissions-nous dire chaque jour Merci ! Merci pour la merveille que nous sommes ! Merci pour tant de merveilles ! … Pourquoi pas le dire, ou mieux encore le chanter, à la manière de St François d’Assise que nous avons fêté cette semaine avec son fabuleux Cantique à la Création : chant Jojo … « Loué sois-tu Seigneur, … »

 

 

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