Marc 4, 35-41
Le soir même, Jésus veut quitter le lieu où il a longuement enseigné. Les disciples « l’emmènent dans la barque comme il était » : le départ semble précipité. Jésus sentait-il monter une menace ? II savait que les fidèles du roi Hérode Antipas de Galilée préparaient une tentative pour le faire disparaître (Mc 3.6). « Passant sur l’autre rive au « pays des Géraséniens », Jésus et ses disciples seront hors d’atteinte du pouvoir d’Hérode.
Mais à peine ont-ils échappé au danger des hommes, que les forces de la nature s’achament contre la petite barque des pêcheurs partis à la suite de Jésus. Même ces hommes de grande expérience ne savent plus que faire. Ils ne reconnaissent plus leur mer de Galilée : les creux des vagues sont autant de gueules béantes du grand abîme, prêtes à les engloutir à jamais. Alors ils crient de peur. Et un reproche se mêle à leur angoisse : « Cela ne te fait rien que nous périssions ? ». Alors Jésus se réveille. II ne participe absolument pas à l’agitation qui l’entoure. Il dit deux mots, et c’est le grand calme. Mais comment donc avait-il pu s’endormir, « sur le coussin à la poupe de la barque » , en pleine tempête ? Seul un enfant le pourrait. Jésus n’est pourtant pas un enfant. Mais, selon les paroles du psaume, « il tient son âme en paix et silence, comme un petit enfant contre sa mère »; (PS 131). La parole qui apaise la tempête est sortie de son silence en Dieu. Des siècles plus tard, Isaac de Ninive dira : « Apaise-toi toi-même, et le ciel et la terre te combleront de paix. »
En demandant : « N’avez-vous toujours pas la foi ? ». Jésus montre qu’il a fait cela en vue de notre foi. Celui à qui « le vent et la mer obéissent », dit aussi aux soucis, aux peurs et aux peines qui agitent notre âme : « Silence ! Taisez-vous !
La foi est alimentée par le calme qui se fait à la parole du Christ.
- Comment est-ce que je réagis dans les situations où mon expérience ne suffit plus à entrevoir une issue ?
- Pour les disciples, la parole de Jésus a transformé une réalité menaçante, la mer agitée, en lieu d’une nouvelle rencontre avec lui dans la paix. Qu’est-ce qui nous permet aujourd’hui de trouver le calme nécessaire à une démarche de confiance ?
Lettre de Taizé, 1996