Marc 9, 38…48
Jean n’en revenait pas. Il avait vu quelqu’un qui chassait les démons et les esprits mauvais, sans être mandaté, sans être ordonné. Un concurrent, somme toute. Et Jean le dénonçait, réclamait des sanctions. Car seuls les douze apôtres étaient des officiels. Déjà la tentation, dans l’Eglise naissante, du pouvoir réservé à un groupe d’élite. Clan de purs et de durs et qui sont convaincus d’avoir la vérité, d’être du bon côté, d’être propriétaires de l’Esprit même de Dieu.
Mais l’homme continuerait à chasser les démons. Et d’autres viendraient aussi, à chaque génération. Hors des normes imposées, des limites tracées, des ghettos de toutes sortes. Membres d’autres Eglises et d’autres confessions.
Laïcs engagés que l’on voudrait réduire au rôle de sujets.
Femmes que l’on maintient au niveau d’auxiliaires.
Théologiens suspects parce qu’ils cherchent et le disent. Croyants qui ne sont pas en règle avec nos lois. Animés d’un même souffle, du même Esprit de Dieu qui ne supporte pas qu’on veuille le contenir dans nos petites limites.
« Ne les empêchez pas », a répondu Jésus. Car s’ils libèrent leurs frères des démons qui les retiennent prisonniers, allongés, s’ils les remettent debout, s’ils font entendre la voix du partage, de l’amour, loin de l’intolérance, alors l’Evangile est en marche. Comment pourrait-on croire qu’ils le font contre moi ? L’Esprit souffle où il veut. Que personne ne l’étouffe !