Lc 10,38-42
Mot d’accueil
Bienvenue à chacun et à chacune dans cette Assemblée Dominicale qui sera animée par une petite équipe de laïcs.
Le thème de ce dimanche est la rencontre de Jésus avec Marthe et Marie.
L’été privilégie souvent le temps des visites, des rencontres,
parfois inattendues, parfois dérangeantes, souvent bienfaisantes.
Accueillir c’est, tout à la fois, être avec, écouter, servir.
Ce matin, voici un temps d’écoute et de prière.
Jésus a multiplié les rencontres au cours de sa vie publique.
Aujourd’hui, toujours présent, il nous propose cette rencontre qu’il a eue avec Marthe et Marie.
KYRIE
1) Dans le monde, il y a tant de sectarisme, de non-respect des différences, tant de non-respect de tout être humain,
Seigneur Jésus, toi qui n’as jamais méprisé personne :
Kyrie eleison
Kyrie chanté
2) Parce que lors de nos rencontres, si souvent nous n’entendons pas vraiment ce que l’autre a à nous dire, car nous parlons de nous-même
et ne trouvons pas les paroles justes,
Seigneur Jésus, toi qui est tendresse et amour :
Kyrie eleison.
Kyrie chanté
3) Dans la rencontre avec Marthe et Marie, Marie est à l’écoute
« aux pieds de Jésus »,
sans doute à la recherche de sens à la vie.
Aide-nous, Seigneur Jésus, car parfois nous n’y voyons plus clair,
Kyrie eleison
Kyrie chanté
Commentaires des textes
Comme l’évangile de la semaine dernière (la Parabole du bon Samaritain), l’Evangile de ce jour est très connu et c’est aussi un texte de Luc. Mais ici point de parabole mais le récit d’un fait de vie. Autre différence : les personnages étaient masculins dans le premier cas, ; ici il s’agit de 2 femmes chez qui Jésus est reçu. Le texte du jour est encore beaucoup plus concis : en une dizaine de lignes, tout est dit et, bien que la scène traduise un fait assez banal (une invitation à un repas), le récit n’en est pas moins percutant par les attitudes des 2 femmes et le dialogue entre l’une d’elle Marthe et Jésus. Remarquons que l’on ne sait rien du village où se déroule la scène, ni non plus si Jésus était entré seul dans la maison ou s’il était accompagné de ses disciples, ce qui expliquerait peut-être mieux la charge de travail qui semble peser sur Marthe ? Par ailleurs, Marie qui semble la sœur la plus jeune, ne dit rien.
Le texte a fait l’objet de nombreux commentaires où on oppose souvent l’action à la contemplation (parfois même la vie active à la vie contemplative). Quel est la meilleure part ? Peut-on les combiner ? Pour l’équipe de préparation, il nous a semblé assez rapidement qu’il s’agissait d’un faux dilemme. Et pour en savoir plus et sortir un peu des sentiers battus, nous avons plongé dans les commentaires de deux femmes que vous connaissez bien : d’une part, Marion Muller-Collard, cette théologienne protestante que notre groupe « Partage de la parole » prend un grand plaisir à lire et à relire, en particulier ses « Eclats d’Evangile » et, d’autre part, Christine Pedotti, écrivaine, journaliste dont le livre récent (2018) « Jésus, l’homme qui préférait les femmes » nous avait d’abord frappé par son titre, puis ravi à la lecture.
Marion Muller-Collard rappelle d’abord que beaucoup de femmes (dont elle-même) qui se veulent de bonnes maitresses de maison, se comportent le plus souvent comme Marthe, car elles ne veulent rien lâcher. Notons qu’elle ne dit rien des hommes : à ceux qui sont ici aujourd’hui de dire dans quel rôle ils se retrouvent le mieux. Pourquoi ne voulons-nous rien lâcher ? N’est-ce pas parce que nous plaçons toute notre importance dans la tenue de nos maisons et de nos vies ? Que deviendrait notre maison sans nous ? Que se passerait-il si nous nous en faisions moins ? Les autres, le Mari, les enfants prendraient-ils le relais ? Et dans le cas de la scène décrite par Luc, elle imagine que Marie n’aurait sans doute pas rechigné à prendre sa part si Marthe le lui avait demandé, si elle avait senti une faille dans l’organisation ou un manque de main-d’œuvre pour ce jour. Mais Marthe avait les choses en main et elle ne veut pas lâcher car c’est là qu’elle place certainement toute son importance. Marie, elle a réalisé que ce qui était important pour elle, c’est d’être au pied de Jésus et que notre importance n’est pas dans ce que nous faisons, mais bien dans ce que nous sommes, ouverts à cette rencontre à laquelle Jésus invite via tout son évangile.
Christine Pedotti, qui est certainement une féministe avérée, pousse l’interprétation plus loin : elle va jusqu’à dire que, dans cette petite scène, Jésus libère les femmes de leur assignation de genre car Marie en choisissant une place d’écoute devient un réel disciple assis auprès de son maître, rôle réservé aux hommes à l’époque de Jésus et qui le restera encore pendant plusieurs siècles ; elle échappe de la sorte au rôle traditionnellement dévolu aux femmes : le service dans la maison. Marthe, par contre, en essayant d’obtenir le consentement de Jésus (Dis-lui donc de m’aider) a bien intégré ce qui doit être la place des femmes et elle entend y rester : elle veut en outre que Jésus la soutienne et renvoie Marie à sa condition. Mais Jésus ne répond pas à sa demande et va même jusqu’à affirmer « Marie a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée », affirmant de la sorte que le rôle de chaque disciple (qu’il soit homme ou femme) est d’abord d’accueillir la Parole, d’être disponible à entendre ce que Dieu pourrait lui demander, toutes choses impossibles quand on est centré sur soi-même, inquiet, agité et accaparé voire submergé par ses propres préoccupations.
Le cœur de cet Evangile n’est donc pas l’opposition entre l’action et la contemplation mais bien deux attitudes : le recentrage sur soi, sur ses actions (parfois pour des raisons honorables comme la préparation ici du repas) ou l’ouverture, ou bien l’accueil qui sont certainement la meilleure manière de vouloir servir Jésus car l’inquiétude et l’agitation empêchent le plus souvent de savoir l’écouter et l’aimer.
Pour Jean Devylder, un membre de l’équipe de préparation de l’ADAL, cet évangile nous adresse ainsi un double appel dans notre vie d’aujourd’hui :
– ne vous laissez pas accaparer par les choses que vous avez « à faire » au point d’oublier ceux pour qui ou avec qui vous les faites ;
– commencez votre journée par un temps à l’écoute de Jésus et demandez-lui ensuite « Reste avec nous pour vivre ce jour ».
B. Mérenne
Texte de méditation.
Tu es Seigneur, toute mon importance
Je le saisis lorsque je cesse de m’agiter
et que je me tiens en silence à tes pieds
Je tiens dans mon tablier les babioles de ma vie
et je dépends de toi pour m’en dire la valeur
pour discerner dans mon fatras tout ce qui a du prix
Tu es Seigneur, l’orpailleur de ma vie
Je veux passer mes heures au tamis de ton regard
qu’il ne reste à la fin que ton éternité.
De Marion Muller-Colard dans « Eclats d’Evangile ».