Les jeunes en quête d’idéal : pour le meilleur et pour le pire (MP3)
Pas évident la soirée du 7 mai à St François ! Un exposé très fouillé (et parfois fouillis!) dans son contenu – il fallait pouvoir le suivre dans ses pérégrinations dans l’espace et le temps – et un débit de paroles fort rapide qui ne rendait pas toujours les choses très audibles…
Mais bon ! Un sacré bonhomme que ce psychanalyste et neuro-psychiatre, spécialisé dans les contacts avec les jeunes.
Essayons d’y voir un peu clair.
Le point de départ est la phrase attribuée à Malraux :
« Le 20è siècle sera religieux ou ne sera pas »
Le religieux est-il au coeur de l’adolescence ? Chez tous les humains, la question de Dieu est éminemment inconsciente, dit-il, et l’envie de croire est présente, agissante. Comment vivre sans convictions, sans croire en rien, sans croire en soi et en l’autre ? Impossible.
Philippe van Meerbeeck cite aussi le philosophe Michel Serres, qui nous dit qu’il est urgent de refaire une philosophie de l’histoire, de lui donner un sens, dans notre monde où on ne parle que d’économie. Pour cela Michel Serres s’appuie sur un moine cistercien du 12è siècle, Joachim de Flore, qui décrit l’histoire, toute l’histoire, en trois temps : le temps du Père, le temps du Fils, le temps de l’Esprit.
Philippe van Meerbeeck emploie cette même grille pour comprendre l’adolescence.
1.Le temps du Père : de 12 à 15 ans. L’arrivée de la puberté, et la découverte d’un corps capable de donner la vie, voilà qui va tout bouleverser !
Les rites initiatiques, qui existent même dans les peuplades les plus reculées, en séparant filles et garçons pour les aider à faire le « passage », manquent cruellement à nos jeunes actuels. C’est le vide absolu.
Le rôle du père est crucial à cette époque de la vie, pour séparer l’enfant de sa mère et l’aider à grandir. C’est une démarche humanisante. Si cette place n’est pas prise par le père, l’enfant cherchera des pères de remplacement, sur le net notamment. Ces pères occuperont une place abusive, perverse, et qui par un excès de réponse pseudo-spirituelle (c’est-à-dire en ayant des réponses absolues à tout) empêcheront toute évolution ultérieure du jeune vers les phases 2 et 3.
C’est souvent lors de cette première étape que le jeune est attiré par Daech, l’état islamique, qui se présente à lui avec trois formules choc :
– sacrifie-toi à nos côtés. Tu défendras une juste cause
– tu vis dans un monde de mécréants, impurs, la vérité est ici
– aux filles : viens fonder une famille avec un de nos héros.
Viens aider les enfants syriens.
Et tout cela prend sens pour un jeune, dans un monde absurde. Et c’est ainsi que l’on fait de lui une machine à tuer et de la poudre à canon !
2.Le temps du Fils : de 14/15 à 17 ans.
Le fils découvre qu’il est l’égal du père, ce qui est très alléchant et motivant pour le jeune, l’aide à avancer dans la vie et à se construire ses propres convictions.
3.Le temps de l’Esprit : de 18 à 25 ans, où l’on essaie de concrétiser, de mettre en pratique, l’idéal qu’on s’est construit.
En conclusion, comment faire la vérité avec nos jeunes en recherche de cette vérité ?
Malraux nous dit qu’il faut réintégrer les démons dans l’homme, pour réintroduire les dieux et éclairer la voie qui arrache l’homme à la bête.
Notre rôle à nous parents, éducateurs etc… est de reparler de l’histoire avec les jeunes, de faire la vérité sur les aspects sombres de l’histoire de l’Eglise, sur les croisades et les humiliations vécues par l’Islam dans le passé, de dépoussiérer différentes croyances et institutions, de revisiter le credo etc…
Et Jésus dans tout ça ? Son image est séduisante pour un jeune d’aujourd’hui. Il apparaît comme un jeune de trente ans, entouré de compagnons, et venu apporter le chahut dans un monde religieux conformiste. Il abolit toute idée de sacrifice humain, et nous montre par sa vie que le divin est d’abord dans l’homme, dans l’idée de l’amour, dans la puissance du désir, de l’amitié, de la pulsion amoureuse, de la rencontre avec l’autre.
C’est dans l’expérience de la rencontre que l’on découvre le transcendant.