Ce dimanche l’homélie a été préparée par nos prêtres et quelques laïcs, qui se sont retrouvés pour méditer au départ des textes de ce dimanche.
En voici le contenu.
St Mathieu 29ème dimanche « Rendez à César »
DIEU ET CESAR
« Rendez donc à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu Qui n’a jamais entendu cette phrase ? Mais qu’évoque-t-elle finalement ? une évocation possible serait celle du niveau de 1’« donnant-donnant » à savoir : ce que tu reçois de César tu le lui rends et ce que tu reçois de Dieu tu le lui rends… dans tout ce que nous avons reçu nous trions , nous tamisons et nous séparons les basses choses temporelles des belles choses divines . Ainsi, si nous le souhaitons, il nous sera possible de faire abstraction des choses temporelles en les rendant simplement comme nous les avons reçues (un peu comme dans cette parabole des talents ou un serviteur se contente de rendre ce qu’il a reçu sans le faire fructifier) et de nous consacrer au divin en se retirant dans une belle tour d’ivoire à l’abri des turpitudes et des tentations terrestres
A la lecture de ce texte, lors de la préparation de cette intervention, il nous est bien apparu que l’intention de Jésus était tout d’abord de se tirer d’un piège qui lui était savamment tendu pour le coincer : soit il refusait l’impôt de César et il devenait de suite un rebelle politique qui poussait les juifs à la rébellion, soit il acceptait l’impôt et de ce fait il acceptait le pouvoir de César ainsi que de son côté divin ( rappelons que sur la pièce en question figurait l’inscription « Tibère César, fils du divin Auguste » . la réponse de Jésus pourrait donc se résumer à une belle pirouette oratoire lui permettant de ne pas se mouiller..
Mais au-delà de cette habille réponse, il nous est vite apparu qu’un sublime message nous était adressé à nous, les habitants du monde de l’époque et de maintenant. Ce message est une question qui s’adresse à nous Chrétiens. Elle nous renvoie à nous-même et à notre place dans la société. Nous, Chrétiens, nous nous sentons à la fois porteurs et portés par le message annoncé, montré et vécu par Jésus. Jésus, lui-même, était porté par son amour réciproque en Dieu son père et porté par la force de l’Esprit saint (comme dit par Saint Paul):
Alors c’est quoi cette question ? C’est : Que faites-vous en tant que chrétien dans votre environnement, dans votre famille et à votre travail au quotidien ? Comment un directeur de ressources humaines, chrétien, peut-il, dans la société où il travaille annoncer à un employé (ou à une série d’employés) qu’ils sont licenciés sur le champs et sans discussion ? Comment un ingénieur industriel chrétien, peut-il négocier des contrats commerciaux dans un monde qui n’a rien de bisounours ? Comment un avocat chrétien peut-il défendre des sociétés impersonnelles guidées essentiellement par le profit au détriment des gens ? Comment un employé en usine, peut-il marquer de son esprit chrétien la monotonie d’un travail éprouvant nerveusement ou physiquement ? Comment un médecin chrétien peut-il vivre l’avortement, l’euthanasie ? Quelle que soit notre profession, comment concilier notre caractère chrétien avec les contraintes rencontrées et parfois contraires à une morale chrétienne ?
Bien plus, quelle aurait été notre réponse de chrétien, il y a 75 ans, en 40-45, si on nous avait interrogé sur la légitimité de payer un impôt, à un autre César, allemand celui- là, dont nous étions sous la botte ? Payer l’impot est sans doute une manière de participer quelle que part à la solidarité générale, même en état de guerre Peut-on abandonner notre devoir de citoyen et de solidarité quelle que soit l’autorité en place ?
Voilà le centre de cet Evangile d’aujourd’hui : Qu’est-ce qui distingue un Chrétien dans le monde de tous les jours, quelle que soit l’époque ou la société dans laquelle il est ? Et, du coup, cette phrase concernant César et Dieu prend un tout autre sens Car en fait, Jésus ne nous demande pas du tout de séparer le terrestre du Divin, mais tout au contraire de les mélanger et de ne pas pouvoir les séparer. Il nous demande d’affronter les difficultés et de les gérer, poussés par l’action de l’esprit saint (comme le dit encore Saint Paul), en gardant une attitude solidaire, une belle qualité humaine dans la relation aux autres, et en y mettant une manière de faire, toute imprégnée de cet esprit du Christ sans jamais perdre l’espoir d’un avenir meilleur. C’est alors que dans l’unité avec le Seigneur nous agirons dans le concret de notre vie et de notre humanité !
C’est dès lors cet accompagnement OMNIPRESENT qui nous permettra de gérer au mieux des situations qui nous paraissent, à priori, insupportables ou ingérables !
Nous avons souhaité terminer ce partage de nos réflexions par une lecture commune : celle d’extraits d’un texte datant du 2ème siècle de notre ère où déjà se posait la question : A quoi reconnait-on un Chrétien dans la société ?
Lecture des extraits de la lettre à Diognete .
Rédigée au IIème siècle par un auteur inconnu, cette lettre s’adresse à Diognète, un notable païen si l’on en croit les termes employés par l’auteur à son égard. Diognète est intrigué par le christianisme et l’auteur, chrétien, lui donne sa vision sur sa communauté. (https://christus.fr/a-diognete/)
Les chrétiens ne se distinguent des autres hommes ni par le pays, ni par le langage, ni par les coutumes. Car ils n’habitent pas de villes qui leur soient propres, ils n’emploient pas quelque dialecte extraordinaire, leur genre de vie n’a rien de singulier. Leur doctrine n’a pas été découverte par l’imagination ou par les rêveries d’esprits inquiets ; ils ne se font pas, comme tant d’autres, les champions d’une doctrine d’origine humaine,
Ils habitent les cités grecques et les cités barbares suivant le destin de chacun ; ils se conforment aux usages locaux pour les vêtements, la nourriture et le reste de l’existence, tout en manifestant les lois extraordinaires et vraiment paradoxales de leur manière de vivre. Ils résident chacun dans sa propre patrie, mais comme des étrangers domiciliés. Ils s’acquittent de tous leurs devoirs de citoyens. Ils se marient comme tout le monde, ils ont des enfants. Ils prennent place à une table commune, mais qui n’est pas une table ordinaire.
Ils passent leur vie sur la terre, mais ils sont citoyens du ciel. Ils obéissent aux lois établies, et leur manière de vivre est plus parfaite que les lois. Ils aiment tout le monde, et tout le monde les persécute. On ne les connait pas, mais on les condamne ; on les tue et c’est ainsi qu’ils trouvent la vie. Ils sont pauvres et font beaucoup de riches. Ils manquent de tout et ils tout en abondance.
En un mot, ce que l’âme est dans le corps, les chrétiens le sont dans le monde. L’âme est répandue dans membres du corps comme les chrétiens dans les cités du monde.