Dieu appelle tout homme hors de l’oppression qui asservit l’âme à la résignation, qui asservit le corps à l’exploitation. Il nous fait passer de l’empire de la nécessité vers le pays de la liberté et de la jouissance, dans la pleine reconnaissance de nos droits et de nos devoirs.
II s’interpose au cœur de nos tiraillements pour nous réconcilier avec nous-mêmes et nous redire au creux de l’oreille, qu’il n’y a pas de séparation entre le citoyen et le chrétien.
Ce sont deux faces d’une même pièce, d’un même denier. L’effigie de César et celle de Dieu sont toutes deux imprimées dans le tissu de notre monde, dans les fibres, les nerfs et les artères de notre corps.
Si l’équilibre est si difficile, c’est parce que la frontière entre les deux n’est pas si étanche qu’on le croit.
Entre Dieu et César, il n’y a pas à choisir.
Mais il faut se garder de les confondre. Dieu n’est pas César, et César n’est pas Dieu.
C’est cette certitude profonde qui donne au chrétien sa liberté : celle de réfléchir à la façon dont il doit participer à la gestion du monde ; celle de garder toujours la distance nécessaire pour éviter d’absolutiser ce qui est contingent afin de chercher à mettre le doigt sur ce qui est essentiel.