Il est des choses qui sont absolument nécessaires à l’homme : car si elles manquent ou tardent trop, il meurt. L’une de ces choses est la divine douceur.
La divine douceur est paix, profonde paix, paix miséricordieuse, apaisement.
C’est une main douce et maternelle, qui sait, qui conforte, qui répare sans heurt, qui remet dans la juste place.
C’est un regard comme celui de la mère sur l’enfant naissant.
C’est une oreille attentive et discrète, que rien n’effraie, qui ne juge pas, qui prend toujours le parti du bon chemin d’homme, où l’on pourra vivre même l’invivable.
Constante comme la parole du père, elle est ainsi le lieu sûr, où je cesse d’être à moi-même frayeur.
Elle est la force même, la vraie, celle qui fait venir au monde et fait croître.
Divine douceur, pas un instant elle ne blesse le cœur, elle ne meurtrit pas ce qui est au cœur de l’homme, là où il trouve vie.
La divine douceur ne désespère jamais de personne. Elle croit qu’il y a toujours un chemin. Elle est inlassablement inlassable à enfanter, nourrir, soigner, réjouir et conforter.
La divine douceur est chamelle. Elle est dans les mains, le regard, les lèvres, l’oreille attentive, le visage, le corps entier.
Elle est l’amour d’amitié. Elle ne se donne pas par devoir, mais par goût. Elle ne sait même pas qu’elle se donne. Elle peut se faire service, et de mille façons. Mais elle est d’abord elle-même et ce don-là précède tous les autres.
Elle est présence, elle est hospitalité, elle est parole échangée.
Elle est compassion.
Pourquoi divine ? Parce qu’elle ne serait pas humaine ?
C’est tout l’inverse : elle est divine d’être humaine, entièrement humaine en vérité. Elle est le sel de la vie.
- Bellet, l’épreuve, ddb 1988 pp 13..15, 26,27