Le lecteur de la Bible sait à quel point le lépreux était un exclu ; il était personnalisation du péché, symbole de malédiction. Toucher un lépreux était interdit par la loi, non seulement à cause de la contamination, mais parce que le geste pouvait être une solidarité dans le mal.
C’est ainsi que l’on a parqué les lépreux dans des vallées maudites et qu’on s’est empressé d’oublier, d’effacer de nos mémoires cette affreuse réalité.
Par peur de devenir impur, on refuse la confrontation avec la maladie. C’est ainsi que l’on rejette toute possible intervention bienfaisante.
Lorsque le lépreux, audacieux jusqu’à en être scandaleux, se jette aux pieds de Jésus, il transgresse la règle et ne peut que susciter la répulsion et la désapprobation générale.
Et pourtant, il n’hésite pas et sa prière est un peu celle-ci : Si tu veux, tu peux me rendre pur ! Oui, mais si je te touche, moi le malade, je te rends impur ! Acceptes-tu ce risque ?
II n’y a pas d’hésitation chez Jésus. Avant de le toucher, il est lui-même touché de compassion ! L’évangéliste prend le temps de raconter le geste, comme dans un drame où le ralenti est nécessaire pour mesurer l’action. Et Jésus le toucha! Et c’est moi qui suis touché maintenant. La malédiction éclate en morceaux et la victoire retentit : Je le veux ! Sois pur !
Pourquoi retenir un geste d’amour qui peut guérir ? N’y aura-t-il pas assez de la puissance de Dieu en moi pour que je continue à avoir peur d’une contamination alors que Jésus me montre que l’amour communiqué peut transmettre la vie?
Pourquoi encore exclure aujourd’hui les lépreux de la terre alors que la volonté de Jésus est de rendre pur !
La dernière leçon que Pierre a reçue du Seigneur ressuscité est la suivante : Ce que Dieu a déclaré pur, ne le regarde pas comme souillé !