
Les 16, 17 et 18 novembre derniers, les Fort
Rêveurs se sont retrouvés à Farnières pour un weekend sur le thème des
nouvelles technologies. Les ados de la paroisse ont eu l’occasion de jouer, de
se poser des questions, d’interagir ensemble à propos de ce à quoi nous sommes
connectés ou déconnectés. A nos écrans qui révèlent une réalité
« augmentée » ou à la réalité concrète de notre vie, de ce qui nous
entoure, de ce qui fait de nous des êtres sociaux au-delà des réseaux du même
nom ?
Une expérience forte qui nous a permis d’apprendre à vivre ensemble sans nos
écrans qui, d’ordinaire, ne nous lâchent plus. Nous nous sommes pour ce faire,
inspirés d’une relation qui nous porte : celle de Dieu, qui malgré sa
présence paraissant virtuelle peut se rendre bien présent concrètement auprès
de nous si nous savons le chercher. C’est que j’ai vécu lors de ce fabuleux
weekend.
Lorsque je pense à la présence de Dieu parmi nous, je pense notamment à sa
présence concrète dans le pain et dans le vin. Depuis quelques années, nous
avons pris l’habitude de clôturer nos weekends par une messe avec les parents
afin de communier à cette vie de relation qu’il nous propose. Cette année, en
l’absence de Rudy qui était malade, la question de la présence des prêtres pour
vivre la réalité concrète du Christ s’est posée à nous. Devions-nous imaginer
une célébration par Skype, annuler ce moment ou le maintenir et le vivre sans
prêtre ? Nous avons retenu la troisième proposition en faisant préparer
toute la célébration par les Fort Rêveurs. Malgré ma petite expérience des
groupes de jeunes chrétiens, je n’ai jamais vécu une célébration pareille. La
messe est d’habitude vue comme un moment par lequel il faut bien passer parce
que le groupe se revendique de l’Évangile. Je n’ai jamais vu des ados à ce
point investis et présents à cette rencontre privilégiée avec le Christ.
Qu’est-ce qui a fait la différence ?
Souvent, il est demandé aux jeunes
de réaliser une petite saynète, de répéter des chants ou encore d’écrire des
intentions pour rendre les ados acteurs et actifs lors de la messe. Or, ce
n’est pas d’une fausse responsabilisation dont les jeunes ont besoin. Sans
prêtre, les Fort Rêveurs ont été responsabilisés à tel point que chaque instant
de la célébration dépendait d’eux. Il n’y avait pas d’adulte pour faire le
lien, pas d’adulte pour approuver leur relation à Dieu. J’ai vu des jeunes de
12 à 16 ans se prendre en main pour faire venir le Christ à eux. Les jeunes
n’ont pas besoin que des adultes ou des prêtres leurs disent ce qu’ils doivent
faire pour aller à la rencontre du Christ. Don Bosco a eu l’intuition que les
jeunes devaient être rendus responsables dès le plus jeune âge. Les sciences
cognitives le confirment aujourd’hui. N’ayons pas peur de révéler les
compétences de nos jeunes !
Vivre la présence du Christ n’est pas une responsabilité trop grande pour eux.
Depuis, je me pose la question de la nécessité des prêtres. Pourquoi avons-nous
besoin d’eux pour rendre le Christ présent parmi nous lors d’une célébration
eucharistique ? Est-il écrit dans l’Évangile que seulement les prêtres
sont à même de rendre Jésus concrètement présent parmi nous ? Je n’ai pas
encore trouvé ce passage…
Je ne sais pas ce que nos pasteurs en diront mais je crois que leur présence
est bénéfique, s’ils ne sont pas seulement des prédicateurs qui font un
monologue pendant une heure et imposent les mains derrière un autel surélevé
qui les sépare du reste des chrétiens. C’est malheureusement trop souvent le
cas. Sont-ils capables de retrousser leurs manches pour être les véritables
garants de la présence de Dieu lors de nos célébrations et de notre vie en
communauté ? Sont-ils capables de veiller et d’être présents pour les
malades, les absents, les sans-voix, ceux qui vivent des difficultés dans le
silence, ceux qui sont seuls, les rejetés, ceux qui se sentent loin du
Christ… ? Sont-ils capables de faire en sorte qu’une messe ne soit pas une
formalité mais une occasion d’être connecté à la seule réalité qui
compte ? Sont-ils capables de faire en sorte que les chrétiens qu’ils
accompagnent soient acteurs à leur tour de la présence du Christ, qui nous
bouscule et nous bouleverse ?
Si les prêtres avaient confiance en les jeunes, en les chrétiens de tout âge et
qu’ils les responsabilisaient tout en étant présents parmi eux pour les
accompagner dans tout ce que compte la vie comme moments heureux et difficiles,
alors, leur présence est indispensable.
Alors, mettons-nous tous en route, chacun avec notre élan du coeur pour écrire
nos actes d’apôtres ! Victor
S.
Quelle
belle célébration préparée par nos jeunes à Farnières. J’ai été touchée par le
climat de prière, d’écoute et de respect de l’autre tout au long de ce moment.
Chacun attentif à ce que les autres avaient préparé. Belle façon de revisiter
l’eucharistie du début à la fin. » Une
maman