Vers une évolution du management politique pour une nouvelle identité collective
L’annonce de cette conférence-débat organisée dans le cadre des « Jeudis du Sart Tilman » a découragé plus d’un à participer à cette soirée. Ce désengagement pour l’engagement dans la chose publique résulterait de plusieurs causes. Et pourtant le bien commun c’est quelque chose qui se partage, affirme Marc ELSEN, ancien parlementaire et ex-Bourgmestre de Verviers mais aussi psychologue et collaborateur à l’ULiège.
Son engagement pour le bien commun, le conférencier l’assume depuis 30 années. Certains citoyens se méfient d’un tel engagement, le critiquent même et ainsi se créent un fossé entre les « citoyens politiques » et les citoyens. Il relève également qu’il y a de nombreuses personnes formidables qui poursuivent un idéal dans leur engagement politique et croient en la capacité de création.
Il rappelle alors le dicton : « Si j’avance seul, je vais plus vite. Mais, si je marche en groupe, nous allons plus loin. »
- Elsen énumère plusieurs causes à cette crise :
1) l’actualité des derniers mois (Publifin, Samusocial, etc…) ;
2) la complexité des problèmes qui s’accroit (lois, arrêtés, règlements, etc. )
3) les responsables politiques sont parfois dépourvus de solutions ;
4) la volonté citoyenne de se réapproprier le pouvoir n’a jamais été aussi forte (Cfr : les indignés, le film « Demain »). Cette volonté est à la base de mouvements du type écologique.
Après analyse en vue d’un renouveau de l’engagement, le conférencier épingle :
- la difficulté du lien entre l’idéal (qui donne sens) et la réflexion au profit de l’action immédiate ;
- la divergence entre le moi (ce que je suis) et le moi politique ;
- les tergiversations entre suivre la pensée populaire ou la précéder pour donner sens (les valeurs, la direction). Le populisme fait sien les soucis évoqués par un grand nombre de personnes.
- Le décalage entre l’intelligence tactique (le calcul pour répondre au besoin de domination) et l’intelligence émotionnelle (celle du cœur) ;
- La tentation du fast-food et du tout permis (rapidité, gain de temps) ce qui entraine une réponse instantanée, une réaction rapide alors que la situation exigerait une réflexion et une vision à long terme, particulièrement en matière socio-économique et environnementale.
- Elsen recommande de nous recentrer davantage sur l’humanité qui est en nous, de solliciter nos capacités de changement avec notre vision de la société.
Il relève quelques signaux positifs : l’importance donnée à la Culture, aux Arts pour nous rencontrer au-delà de nos différences, pour découvrir l’autre et établir une identité commune. Il nous appartient de combler les fossés et de jeter des ponts.
Dans un monde en mutation, il est indispensable de s’approprier sa complexité, d’éviter les simplismes et de rester « chez soi » avec ceux qui nous ressemblent, de privilégier les communications réelles (échanges humains) à la place des communications virtuelles.
Tous les citoyens ont un rôle à jouer dans la Cité car l’intelligence collective est partagée dans l’ensemble de la société ; elle n’est pas réservée aux politiques.
Engagez-vous :
L’engagement n’est pas mort. Il est bien présent dans l’associatif, les mouvements de jeunesse et environnementaux. Il est impérieux de nous réconcilier avec nos responsabilités individuelles et collectives et à retrouver du lien social.
Même, depuis peu, dans le domaine économique. De grandes entreprises décident de casser l’organisation pyramidale en associant la base (les travailleurs) aux décisions. Cette économie collaborative, celle de la confiance, valorise le pouvoir de création de chacun au profit de l’entreprise. Cette nouvelle gestion évite bien des maladies mentales, le burn-out.
Les mouvements citoyens sont importants pour les politiques qui ne sont pas toujours rivés à la réalité et leur permettent une réflexion à long terme dans leur engagement.
En nous, nous avons la force nécessaire pour valoriser nos impulsions positives et remettre en question les choix politiques tout en rappelant que toute évolution passe par une forme de révolution.
Les citoyens politiques doivent travailler avec la participation de la population car certains critères des premiers ne correspondent pas toujours avec ceux des citoyens. Les politiques ne possèdent pas une intelligence incarnée par le seul fait qu’ils ont été élus.
Nouveau management politique :
Il est indispensable de créer un nouveau management politique en s’appuyant sur l’intelligence partagée et horizontale et de replacer les débats au cœur de notre démocratie.
Dans ce management collaboratif, les politiques seront des coaches plutôt que des dirigeants. Ils devront oeuvrer avec les gens, par les gens, pour les gens, donner un sens au lendemain et inventer une identité collective tout en reconnaissant l’identité de l’autre. La recherche du plus grand commun dénominateur sera d’actualité.
Chacun reconnaîtra que son identité est une partie de l’identité collective.
Tous nous possédons des talents qui peuventre mis au service de cette dernière.
M. Elsen rappelle enfin que la force de l’engagement n’est pas nécessairement dans de grandes actions spectaculaires. PHS