Ne pas revenir « à la normale »!

Du prophétisme pour sortir de la démesure

Partout des voix s’élevaient pour dénoncer la consommation de masse, défendre le climat et promouvoir le circuit court. De l’Orient à l’Occident, d’un continent à l’autre, avec plus ou moins de retentissement et de médiatisation ; jeunes et vieux, pauvres et riches conscients, paysans ou citadins ; tous condamnent la démesure. Il y a des millénaires, les Grecs avant nous condamnaient l’hubris (la démesure, l’orgueil) en en faisaient une caractéristique barbare. Des figures mythologiques comme Prométhée, Icare, Arachné, etc. sont des exemples de grandiloquence et de mégalomanie à la sauce humaine que les Grecs utilisaient pour démontrer la malice de la démesure. À l’opposé, les philosophes proposaient la sophrosunè (un idéal d’équilibre et de mesure, de tempérance, de modération et de bon sens).

Les voix qui s’élèvent aujourd’hui et les nombreuses initiatives en faveur d’une économie sociale et solidaire, viable et humaine, est à la fois une réponse à cette démesure humaine et une prise de conscience que quelque chose doit changer dans le cœur de l’homme. Ces voix qui crient dans diverses langues, le mouvement des gilets jaunes qui était devenu presque planétaire, la pandémie qui se répand sur tous les continents ; ces événements portent à penser que nous vivons une période axiale, pour reprendre l’expression du philosophe allemand Karl Jaspers. Dans son chef-d’œuvre : L’origine et le sens de l’histoire, il précise que cette période se caractérise par l’apparition de modes de pensée totalement nouveaux, de manière quasi simultanée en des points éloignés les uns des autres de la planète, signant l’émergence d’un nouveau rapport au savoir, au monde, à l’autre et à l’Autre. Cette période d’émergence aurait amené l’humanité à produire un bond qualitatif important dans ses rapports au savoir, à la vérité, aux croyances. Plusieurs événements plus ou moins similaires sur les quatre coins du globe laissent penser que l’ère dans laquelle nous vivons est axiale et de nouvelles formes de penser et de vivre ensemble doivent naitre. À la mort de l’auteur, ses idées ont été reprises plusieurs fois, respectivement lors des colloques internationaux de philosophie de 1983 et de 2008 organisés en Allemagne.

Un nouveau prophétisme doit voir le jour afin de porter sur les événements un jugement éclairé, reconsidérer les affaires sociales avec sagesse et les conduire au but qu’il est utile d’atteindre. Nous avons besoin de voix, de prophétisme, de personnes qui savent interpréter les signes des temps et proposer un nouveau modus vivendi à la hauteur de la dignité humaine. Le moment axial c’est maintenant. Tout ne peut pas recommencer comme avant, en considérant l’épreuve du Coronavirus comme une trêve, le mouvement des gilets jaunes comme l’ébullition spectaculaire d’indigents écervelés ou les mobilisations pour le climat comme une manipulation savamment orchestrée sur des jeunes ayant le QI d’une huître. 

Humains, Prenons tous ces événements comme des occasions de réforme profonde. Si même ces personnes étaient écervelées ou inintelligentes, n’oublions surtout pas qu’ « il y a une fissure en toute chose, c’est ainsi qu’entre la lumière ». (Léonard Cohen). Quelque chose doit changer à tous les niveaux.

Les fous du Roi existent et ils ont leur place ; ça vaut la peine de les écouter. Qu’en pensez-vous ?

Rodney Barlathier

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